Journées Internationales de Sociologie du Travail 2016

Les ressorts de l’artisanat en Rhône-Alpes face à la crise

 

Nous proposons de porter sur l’emploi et l’entrepreneuriat un regard que nourrissent nos recherches sur l’artisanat en Rhône-Alpes. Ces deux angles d’approche aident à déconstruire la situation de l’artisanat face à la crise qui, comme entrée analytique, actualise les problématiques liées aux différentes formes sociales du travail. 

Déclenchée par l’éclatement d’une bulle spéculative aux Etats-Unis, la crise des «subprimes» démontre l’interdépendance des éléments du système économique et politique international. Cette crise imprime une particularité conjoncturelle au matériau collecté entre 2007 et 2010, au sein de la Chambre Régionale de Métiers et de l'Artisanat Rhône-Alpes. Trois enquêtes fondent le corpus de données : une enquête qualitative réalisée au sein de métiers de boucher et de la réparation automobile ainsi que deux enquêtes quantitatives de grande envergure. Une enquête portant sur l’entrepreneuriat avec 18 000 observations réalisée entre 2003 et 2010 par le réseau consulaire et une enquête portant sur l’emploi artisanal en Rhône-Alpes, conduite en 2009, à laquelle 2127 chefs d’entreprises artisanales employeuses ont participé.

Réputés réagir avec un certain décalage aux effets du marché, les métiers de l’artisanat ne sont pas affectés uniformément par la crise qui finit par l’infiltrer dans la diversité des territoires d’implantation et dans son hétérogénéité et qui se décline en 511 codes d’activité avec une inscription transversale dans le système productif.

L’impact de la crise sera étayé à travers les ressorts de l’artisanat en termes d’emploi, de capacité d’auto-financement et d’ancrage territorial local, ainsi qu’au regard de son élasticité en tant que catégorie sociale permettant un va-et-vient entre les situations de salariat, de chômage et d’indépendance entrepreneuriale. L’artisanat comme terrain de recherche permet d’illustrer l’impact de la crise des marchés financiers sur l’économie réelle, définie comme extérieure à la finance et à la bourse ; et ce, d’autant que la spéculation est juridiquement antinomique de l’activité artisanale qui renvoie à une activité essentiellement manuelle, une production locale destinée à un marché local. Ainsi, en étant extérieur aux logiques dominantes, l’artisanat est-il protégé de la crise ?

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